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Marie-Pierre Cossette, Université Concordia, Philippe-Edwin Bélanger, Institut national de la recherche scientifique (INRS), Mathieu Lavoie, Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur

Les enjeux soulevés par l’insertion professionnelle des docteurs ont incité plusieurs partenaires universitaires à entreprendre une étude panquébécoise sur les compétences des titulaires d’un doctorat afin d’obtenir davantage de données sur les compétences acquises au doctorat, et sur les perceptions des diplômés et des employeurs.

enquêteAu moment où les postes de professeur ne sont occupés que par une minorité de docteurs (20 %, selon le Conference Board du Canada, 20151), la majorité des titulaires de doctorat fera carrière hors de l’université.

Les perspectives face à ce virage s’avèrent parfois optimistes. Des témoignages de titulaires de doctorat œuvrant dans des emplois non traditionnels ou en tant qu’entrepreneurs commencent à émerger. Les titulaires s’intègrent à des projets innovateurs et avant-gardistes. Ils réussissent même à se joindre à des entreprises liées à des domaines loin de leur expertise pour remplir des postes qui n’existaient pas avant leur embauche.

Parfois le portrait est moins reluisant. Les données colligées par Auriol (2007)2 sur la satisfaction des titulaires d’un doctorat à l’égard de leur situation professionnelle révèlent que la majorité se déclare satisfaite de leur emploi, mais que leur satisfaction est davantage liée aux critères relatifs au contenu de leur poste (stimulation intellectuelle, autonomie, etc.) qu’à ceux ayant trait aux conditions de leur emploi (le revenu, par exemple) (ibid., p. 20). En outre, l’enquête Relance sur la situation d’emploi des titulaires d’un doctorat du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (2012) révèle qu’environ 45 % des docteurs estiment que l’emploi qu’ils occupent exige un diplôme de niveau inférieur au doctorat. Sur un autre plan, la perception des employeurs en dehors des universités à l’égard des titulaires d’un doctorat ne serait pas toujours favorable (Rynor, 2016)3. En effet, selon certains employeurs, les compétences des titulaires d’un doctorat ne seraient pas à la hauteur de leurs besoins, car elles seraient difficilement transférables en milieu de travail. Les employeurs se disent à la recherche de diplômés qui sont non seulement des experts dans leur domaine, mais également capables d’appliquer leurs connaissances, de gérer des projets, de travailler en équipe et d’avoir de bonnes aptitudes en communication, pour ne donner que quelques exemples (Kehm, 20044; Kot & Hendel, 20125; et Nerad, 20046).

Néanmoins, les données sur la qualité des emplois occupés et sur la satisfaction des titulaires par rapport aux emplois qu’ils occupent sont peu nombreuses et un état clair de la situation est souhaitable.  

Une étude panquébécoise en cours

Les enjeux soulevés par l’insertion professionnelle des docteurs ont incité plusieurs partenaires universitaires à entreprendre une étude panquébécoise sur les compétences des titulaires d’un doctorat afin d’obtenir davantage de données sur les compétences acquises au doctorat, et sur les perceptions des diplômés et des employeurs. L’objectif général de l’étude vise, à terme, à augmenter la lisibilité des compétences acquises au fil de la formation doctorale et utilisées par les titulaires d’un doctorat. Plus précisément, les compétences développées et utilisées par les titulaires seront définies et elles seront mises en perspective par rapport aux compétences recherchées par les organisations du secteur public, privé et associatif, de même qu’aux compétences attendues par les établissements universitaires qui offrent des programmes de doctorat et par les organismes qui offrent des bourses et des stages aux étudiants. (Durette, 20167)  

Une enquête pour tout le milieu

Plusieurs plateformes d’échanges recensent l’inquiétude et la confusion d’un grand nombre de doctorants par rapport à l’utilité de leur formation et leur perspective d’emploi. Le manque de vision claire de leur trajectoire de carrière (unique ou à options multiples) et de la valeur ajoutée de leur doctorat érodent leurs efforts à parfaire leurs compétences, pendant et après leur formation, et à faire valoir leur potentiel aux employeurs potentiels. De plus, certains sondages, les propos de certains professionnels en ressources humaines semblent indiquer que la plus-value d’une formation doctorale n’est que très peu reconnue ou très mal connue. Faire l’état de la situation est essentiel pour penser à un meilleur arrimage entre les compétences acquises au doctorat et les types d’emplois disponibles ou en émergence.

Les bénéficiaires premiers des résultats de l’enquête sont les doctorants, les titulaires d’un doctorat et les employeurs.

Les résultats de l’enquête pourront également fournir aux professeurs, aux établissements d’enseignement universitaire, aux organismes subventionnaires et à l’État des pistes d’action et de réflexion quant au rôle des programmes de formation, des stages et des environnements de recherche dans le développement des compétences des docteurs. Les universités pourraient, le cas échéant, se servir des données recueillies dans le cadre de cette enquête pour apporter des modifications à leurs programmes de doctorat, de façon à répondre encore mieux aux besoins de formation des étudiants.

Les doctorants évoluent constamment au sein de projets innovateurs, l’innovation étant le moteur central de la recherche, et développent ainsi une multitude de compétences à haut potentiel. Ces compétences doivent être mobilisées pour transformer nos doctorants d’aujourd’hui en citoyens engagés dans la société québécoise.    

  • 1Carrières universitaires et non universitaires : Valoriser et préparer les titulaires d’un doctorat pour le marché du travail, 2015 - http://www.conferenceboard.ca/e-library/abstract.aspx?did=7563
  • 2Auriol, L. (2007). « Les caractéristiques du marché du travail et la mobilité internationale des titulaires de doctorat : enquête pour sept pays ». Paris : Éditions de l’OCDE. http://dx.doi.org/10.1787/308011480608
  • 3Rynor, B. (2016), « Les perceptions des employeurs nuisent aux perspectives d’emploi des titulaires de doctorat », Affaires Universitaires, JAN 11 - http://www.affairesuniversitaires.ca/actualites/actualites-article/les-…
  • 4Kehm, Barbara M. (2004) “Developing doctoral degrees and qualifications in Europe: good practice and issues of concern – a comparative analysis”. In Doctoral studies and qualifications in Europe and the United States: status and prospects, 279–296. Jan Sadlak, ed. Bucharest: UNESCO-CEPES.
  • 5Kot, F. C., & Hendel, D. D. (2012). Emergence and growth of professional Doctorates in the United States, United Kingdom, Canada and Australia: A comparative analysis. Studies in Higher Education, 37(3), 345-364. http://dx.doi.org/10.1080/03075079.2010.516356.
  • 6Nerad, M. (2004). The PhD in the U.S.: Criticisms, facts, and remedies. Higher Education Policy, 17(2), 183-199. http://dx.doi.org/10.1057/palgrave.hep.8300050
  • 7Durette, B., Fournier, M., & Lafon, M. (2016). The core competencies of PhDs. Studies in Higher Education, 41(8), 1335-1370.

  • Marie-Pierre Cossette
    Université Concordia

    Marie-Pierre Cossette est étudiante au doctorat en psychologie à l'Université Concordia. Spécialisée en neuroscience, elle examine le fonctionnement des régions du cerveau essentielles pour l'évaluation des récompenses. Elle siège au conseil d’administration du FRQS à titre de représentante étudiante et a été présidente du Comité intersectoriel étudiant de 2014 à juin 2017. Elle a obtenu la bourse Alexander Graham Bell du Canada du CRSNG pour le doctorat et la maîtrise, la bourse de Maîtrise B1 du FRQNT et des bourses internes de l'Université Concordia.

  • Philippe-Edwin Bélanger
    Institut national de la recherche scientifique (INRS)

    Avant de joindre l’Institut national de la recherche scientifique à titre de directeur du Service des études supérieures et postdoctorales en 2012, Philippe-Edwin Bélanger a été responsable des programmes de bourses et de partenariat France-Québec au Fonds de recherche du Québec - Nature et technologies, pendant dix ans. Détenteur d’une maîtrise en administration publique de l’ENAP, il a commencé sa carrière comme attaché de recherche et formateur-concepteur à la réalisation du Programme d’accueil gouvernemental à l’ENAP et a agi comme spécialiste en administration publique à la Direction de la concertation au ministère de la Famille et de l’Enfance en 2001-2002. Très actif au sein d’associations professionnelles québécoises et canadiennes, Philippe-Edwin Bélanger a présidé  l’Association des administratrices et des administrateurs de recherche universitaire du Québec (ADARUQ) en 2013. Il est, depuis juillet 2014,  président de l’Association des doyennes et des doyens des études supérieures au Québec (ADESAQ). Depuis novembre 2015, il est aussi membre du conseil d’administration de l’Association canadienne pour les études supérieures (ACES) et président du comité directeur de l’Association canadienne des administrateurs postdoctoraux (ACAP).

  • Mathieu Lavoie
    Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur

    Mathieu Lavoie est conseiller expert en enseignement supérieur au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec. Il est diplômé en philosophie et en psychologie de l’Université de Montréal, de l’Université Laval et de l’Université de Sherbrooke. Au sein du Ministère, il joue un rôle conseil à l’égard des questions relatives à la formation universitaire et au développement du système universitaire. Il a collaboré à la rédaction du rapport préparé par M. Claude Corbo concernant la création du Conseil des universités du Québec (2017).

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