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Handicapés, survivants du cancer, réfugiés, analphabètes, itinérants, ont franchi le seuil du MBAM depuis 1999, dans le cadre du projet "Le Musée en partage".

  • 84e Congrès de l'Acfas - 2016
  • Colloque 306 - Recherches sur les publics de la culture : esthétique, communication et éducation, théories et méthodes
  • Communication : Point de vue du Musée des beaux-arts de Montréal sur son rôle social

 Traîner à la dernière exposition sur Pompéi celui qui n’a pas l’habitude des grands temples à fronton, n’est pas une mince affaire. C’est pourtant ce que des organismes communautaires en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) ont accompli dans le cadre de l’initiative « Le Musée en partage », qui permet à des groupes marginalisés de percer l’univers muséal malgré leur réticence à le faire. La chercheuse en muséologie de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), Isabelle Desmeules, s’est penchée sur l’impact social de l’initiative. Handicapés, survivants du cancer, réfugiés, analphabètes, itinérants, ont franchi le seuil du MBAM depuis 1999. C’est un projet, d’abord pilote, qui a permis à plus de 400 organismes communautaires en collaboration avec le musée de la rue Sherbrooke, d’organiser des ateliers éducatifs pour les groupes qu’ils desservent. S’adressant à des populations présentant des particularités telles des handicaps ou des contraintes linguistiques, les activités sont élaborées sur mesure pour chaque groupe. Ces participants sont majoritairement ce que l’on appelle en muséologie des non-publics, « des gens qui ne vont jamais au musée », résume Isabelle Desmeules. Toutefois, ces non-publics ne correspondent pas à une espèce homogène : « Certains n’y trouvent tout simplement aucun intérêt. D’autres sont plutôt réticents pour des raisons financières, ou parce qu’ils sentent qu’ils n’y ont pas leur place, associant les musées à une classe sociale à laquelle ils n’appartiennent pas », précise-t-elle.Musée en quête de non-publicIl y a longtemps que les musées tentent d’élargir leur clientèle. « Dans la deuxième moitié du 20e siècle, il y a eu une prise de conscience du milieu face à un public de même profil, fortement éduqué avec de hauts revenus », expose la muséologue. Le plus grand défi des musées est de défaire cette image austère qui leur est attribuée. « Le musée est perçu un peu stiff, pas comme un lieu de divertissement, mais plutôt un lieu où l’on s’éduque. En plus, tu "apprends debout", c’est plate », confie-t-elle à la blague. Des stratégies pour convoiter les non-publics se sont ainsi déployées, et pour ce qui est du « Musée en partage », mission accomplie. Depuis 1999, plus de 200 000 personnes ont passé les portes du MBAM sous son égide. Cette initiative a notamment de particulier de ne pas se réduire à une stratégie marketing ou à des promotions tarifaires. « Si les responsables du musée ne font que donner des billets gratuits aux groupes communautaires, les gens ne viendront pas plus qu’avant. Oui il y a une question d’argent, mais il y a surtout une question d’intérêt », stipule la chercheuse de l’UQO. De plus, pour s’assurer de correspondre aux besoins et intérêts de leurs usagers, ce sont les responsables communautaires qui suggèrent au MBAM, en amont, des formules d’activité et non l’inverse.Une visite adaptéeOr, il ne tient pas qu’à ces nouveaux visiteurs de revoir ses préjugés. En fait, c’est surtout aux guides qu’il revient de s’adapter. « Ce n’est pas tout le monde qui peut animer ces ateliers. Parler à un groupe d’hommes itinérants n’est pas anodin, image Desmeules. Il faut parler de façon beaucoup plus égalitaire, moins magistrale, et par le fait même, engager un dialogue durant les activités ». Ces nouvelles façons de faire s’insèrent d’ailleurs dans un changement de philosophie plus large de l’institution muséale. « La notion de vivre ensemble est maintenant explicitement citée dans les politiques du MBAM. La philosophie du musée est devenue plus humaniste et teinte la façon de travailler », ajoute la spécialiste en muséologie.  


  • Anne Gabrielle Ducharme
    Journaliste

    Anne Gabrielle Ducharme est finissante en journalisme à l’Université de Montréal. Elle collabore au journal indépendant des étudiants de l’UdeM, Quartier libre, et a couvert l’édition 2015 de l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde (INM). Elle anime depuis trois saisons l’émission de radio Les Cogiteux, diffusée sur les ondes de CISM 89,3. Anne Gabrielle a également complété un stage comme journaliste à la recherche pour l’émission d’actualité internationale Planète Terre avant de se joindre à l’équipe de Découvrir pour le « spécial congrès » 2016.

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