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Alexandra Nadeau, Journaliste
"La conscience ne serait ainsi qu’une sorte de clap de fin qui se manifeste lorsque tout est déjà joué – un tour de passe-passe de notre cerveau pour nous faire croire que nous avons encore notre mot à dire", Le cerveau et ses automatismes : le pouvoir de l’inconscient.

[Domaine de recherche 304 - Enjeux fondamentaux et finalités de la vie humaine]

Mentalement déterminés, nous, les humains? Certains scientifiques comme l'Américain Benjamin Libet (1916-2007) ont établi qu’il y aurait un décalage de poussières de secondes entre la décision que l’on prend et ce qui se passe juste avant dans notre cerveau. Face à une situation, une première activité cérébrale inconsciente déterminerait nos choix à notre insu. Autrement dit, c’est le cerveau qui serait notre maître et non l’inverse. Cette hypothèse déstabilise totalement la conception de libre-arbitre souvent conçue comme l'apanage de l’humain.

Krystèle Appourchaux, philosophe et postdoctorante au Laboratoire de neurosciences cognitives de l’Université McGill, livre un regard critique sur ce constat. Pour elle, il y a une tension entre le déterminisme absolu et le libre-arbitre. Certes, la chercheuse estime qu’il y a un « effet domino » d’événements et de pensées qui orientent nos choix. Toutefois, comme Libet, elle défend l'idée qu’il existe un « droit de veto » qui s’opère dans la pensée. Mais rien ne prouve que ce veto n’est pas lui-même initié par un processus inconscient...

«Il a été possible de prédire avec 60 % d’exactitude la décision qu’allaient prendre les sujets.»

Les expériences de Libet consistaient à enregistrer l’activité cérébrale de cobayes qui devaient, quand ils le désiraient, appuyer sur un bouton (droit ou gauche), qui arrêterait le mouvement d’une lumière tournant en rond. Le scientifique était alors en mesure non seulement de voir l’activité cérébrale en cours sous les crânes, mais de prédire quel bouton serait choisi et quand; avant même qu’ils prennent la décision d’appuyer, une activité inconsciente pouvait être repérée dans leur cerveau. « Il a été possible de prédire avec 60 % d’exactitude la décision que prendrait les sujets, ainsi que le moment à près de cinq secondes avant son occurrence », rapporte Krystèle Appourchaux.

Nous sommes loin du scénario du film hollywoodien de Rapport minoritaire où l’on peut lire les intentions des criminels. Toutefois, prédire le geste d’un individu est une ouverture vers une intrusion du privé dont certains pourraient prendre avantage. Krystèle Appourchaux ne croit toutefois pas que la société ait besoin de la neuroscience pour prédire les gestes des individus, la psychologie fait déjà très bien le travail.

Aux commandes de sa caboche

Se dire qu’une activité cérébrale aujourd’hui incomprise soit au poste de pilotage peut être perturbant. Mais Krystèle Appourchaux explique qu’il est en fait possible « d’étendre son champ de consience » et de se saisir de ce processus afin d’en être le maître. Plusieurs « actes en conflit » dans nos vies seraient ainsi mieux compris, et peut-être même prévenus. La chercheuse dit aussi qu’il est possible de se « désautomatiser ». On peut en effet imposer à son cerveau « un entraînement attentionnel afin d’élargir le soi-conscient ». La chercheuse mentionne que l’hypnose et la méditation, entre autres, sont deux bonnes façons d’étendre sa capacité de libre-arbitre.


  • Alexandra Nadeau
    Journaliste
    Présentation de la journalsiteAlexandra Nadeau termine tout juste un baccalauréat en géographie urbaine et en environnement à l’Université McGill. Elle complète également un certificat en journalisme à l’Université de Montréal. Elle s’intéresse au journalisme depuis le Cégep, et c’est avec Le Délit, le journal francophone de l’Université McGill, qu’elle viendra concrétiser son projet de devenir journaliste. Elle a travaillé au Délit pendant un an et demi, à titre de secrétaire puis de chef de section aux actualités. Elle a également fait un stage chez GaïaPresse, une plateforme web sur l’environnement au Québec. Alexandra a un intérêt marqué pour l’éducation, les problématiques urbaines et les enjeux environnementaux.

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