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Myriam Francoeur, Stagiaire en journalisme scientifique
Les doctorants qui ont des enfants mettent de l’avant la famille avant les études. Au risque de mettre en péril leur carrière universitaire.

11 mai 2012, 80e Congrès de l'Acfas – « De façon générale, les taux d’abandon au doctorat sont plus élevés que dans les autres niveaux d’études », souligne Dominique Tanguay, doctorante en sciences de l’orientation à l’Université Laval, aux participants du colloque Conciliation études-travail-famille au collège et à l’université, le jeudi 10 mai. Quels seraient les motifs d’abandon? D’après la chercheuse, puisque les gens qui poursuivent un doctorat sont généralement plus âgés, les problématiques familiales expliquent souvent qu’on doive quitter les études.

Après avoir questionné 35 doctorants à l’Université Laval, elle a découvert que ces parents-étudiants accordent davantage d’importance à la famille qu’à leurs études. Ils sont prêts à hypothéquer leur carrière; ils préfèrent réduire le nombre de publications et de communications, affectant ainsi leur curriculum.

« C’est une stratégie très lourde de conséquences à long terme pour ceux et celles qui voudraient devenir professeurs », commente Francine Descarries, professeure de sociologie à l’UQAM. Opinion partagée par l’assistance, qui craint l’absence d’une nouvelle génération de professeurs universitaires.

Par ailleurs, être parent et poursuivre un doctorat « brise le rythme de travail », selon Dominique Tanguay. « Il faut que j’apprenne à travailler quand je peux, et non quand je suis le plus productif », ajoute la doctorante, elle-même mère de trois enfants. Ces parents doivent gérer leur temps non seulement en fonction des activités académiques, mais aussi selon les horaires des garderies ou écoles. La gestion s’applique également dans la planification de la grossesse, surtout chez les étudiantes qui doivent composer avec les risques du laboratoire.

Population inconnue, services manquants

Il est très difficile d’obtenir un portrait des étudiants au doctorat qui ont à leur charge un enfant ou plus, selon Mme Tanguay. Elle cite une étude selon laquelle près d’un tiers de tous les doctorants canadiens auraient fondé une famille. Mais comme le souligne Mme Descarries, « les universités ne savent pas combien de parents-étudiants elles ont en leur sein. » À l’Université Laval, 25 % des doctorants auraient des enfants, contre 17 % à l’UQAM.

Les institutions ignorant la proportion d’étudiants qui sont à la fois des parents, elles ont ainsi du mal à leur offrir des services appropriés; pour les garderies, les listes d’attente peuvent dépasser trois ans! Également, les horaires sont peu flexibles et s’adaptent peu aux demandes des parents-étudiants.

Les parents doctorants auraient dans la trentaine selon diverses études, et les pères seraient un peu plus âgés que les mères. Dans l'ensemble, l’étude de Dominique Tanguay ne traite pas les moyens financiers de ces parents puisqu’une majorité des répondants sont des boursiers. Selon la professeure Descarries, le revenu moyen des doctorants avec des enfants et qui fréquentent l’UQAM se situent autour de 13 000 $, ce qui inclut les bourses et les revenus d’emploi.

Les boursières peuvent bénéficier d’une période de sursis de quatre à six mois pour s’occuper d’un enfant naissant. Et, l’Université de Montréal est la seule institution qui offre une compensation financière aux nouvelles mères, si elles en font la demande.


  • Myriam Francoeur
    Stagiaire en journalisme scientifique

    Dès le secondaire, Myriam Francoeur a eu la piqûre pour les sciences, plus particulièrement la physique. Décidée à poursuivre une carrière dans ce domaine, elle a terminé un baccalauréat en physique à l’Université de Montréal, puis une maîtrise en astrophysique dans la même institution. À ce moment, elle découvre la communication scientifique : elle écrit dans le Journal canadien des étudiants en physique en plus de donner des conférences grand public sur l’astronomie. En 2011, elle fait une croix sur la physique et s’inscrit au certificat en journalisme à l’Université de Montréal dans le but de devenir journaliste scientifique.

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