536 - L'intervention socio-éducative : un analyseur des métiers s'adressant à autrui

D'abord engagés dans l'analyse des pratiques professionnelles enseignantes avant d'élargir ce champ aux professions sociales et sanitaires, les travaux de Gilles Monceau reposent sur une base conceptuelle issue de l'Analyse institutionnelle. Liés à cette théorie de l'institution (Lamihi et Monceau, 2002), les concepts d'implication, d'intervention et de résistance permettent de décrire certaines évolutions de la professionnalité enseignante. Deux exemples seront donnés :

-        celui de la professionnalisation de la formation des enseignants français via le concept de réflexivité,

-        celui des nouvelles formes de coopération parents/enseignants dans l'école française.

D'après Lenoir, Larose, Deaudelin, Kalubi et Roy (2002), l'intervention éducative, comme construit, se caractérise par l'association des différentes dimensions de l'action qui vise l'éducation d'autrui. Ces dimensions d'ordre didactique (rapport au savoir), psycho-pédagogique (rapport au sujet), organisationnel (rapport au groupe) et institutionnel (rapport au contexte) devraient s'articuler afin de favoriser l'apprentissage. En formation initiale à l'enseignement, l'intervention socio-éducative des superviseurs de stage auprès de leurs stagiaires se réalise dans des contextes très variés. En effet, celui ou celle qui assume la supervision d'un groupe de stagiaires doit adapter son intervention en fonction de la nature du stage, des caractéristiques des stagiaires et du milieu du stage. Leurs interventions se veulent formatives car elles doivent susciter chez le stagiaire l'apprentissage dans un contexte authentique où dialoguent et/ou devraient dialoguer, différents types de savoirs (théoriques, pratiques, expérientiels, etc.). Mais de quelles dimensions de l'intervention socio-éducative les pratiques des superviseurs de relèvent-elles? Nous nous baserons sur différentes données obtenues dans le cadre de nos recherches.



Il y a dix ans, Lenoir et al. (2002) définissaient l'intervention éducative (IÉ) dans l'univers particulier de l'éducation scolaire et du travail enseignant. Dans un article subséquent (Terrisse, Larose et Couturier, 2003), nous réagissions au caractère restrictif du domaine d'actualisation de l'IÉ par la proposition d'un construit complémentaire, celui d'intervention socioéducative (ISÉ), intégrant la spécificité de l'intervention finalisée de tiers intervenants auprès de l'enfant d'âge préscolaire ou scolaire et de sa famille, dans la mesure où cette intervention vise la construction de nouvelles compétences d'ordre cognitif ou conatif chez le formé. Dans cette communication, nous resituons le construit d'intervention éducative et socioéducative (IÉSÉ) en fonction de la nécessaire complémentarité des intervenants dont l'action éducative se situe auprès de l'enfant dans l'école, dans la communauté ainsi qu'à la charnière de ces deux systèmes, notamment en contexte de "réussite éducative". L'IÉSÉ se caractérise alors par son fondement écologique et son déploiement de nature intersectorielle. Compte tenu des appartenances professionnelles distinctes des intervenantes et intervenants, l'enjeu de l'actualisation de l'IÉSÉ devient donc celle de la capacité de coconstruire l'intervention à partir d'une problématisation commune et de l'intégration des savoirs de référence des acteurs dans un environnement de nature mésosystémique (Bronfenbrenner (1997).

La gestion de cas fut développée pour favoriser une meilleure continuité des services pour des clientèles présentant des situations cliniques complexes, évolutives et durables, comme c'est le cas par exemple des personnes âgées en perte d'autonomie. La continuité des services est au cœur d'un projet d'intégration des services qui produit de la continuité, caractéristique centrale de l'ensemble des modèles conceptuels de la qualité des services. La présente communication porte spécifiquement sur un processus de révision de la tâche de 36 gestionnaires de cas dans l'une des plus vieilles équipes québécoises, confrontée à la nécessité d'un aggiornamento de la distribution des tâches dans un contexte de difficultés récurrentes d'ajustement entre les professionnels dont l'action professionnelle se déploie dans une logique disciplinaire, et les gestionnaires de cas, dans une logique transdisciplinaire.

Dans le cadre de cette communication, nous effectuerons une réflexion quant aux différents rôles que peuvent jouer les environnements virtuels de travail (EVT) dans le cadre de la formation à la profession infirmière au Québec en contexte universitaire. À l'heure actuelle, la documentation scientifique identifie plusieurs limites aux formations à caractère professionnalisant. Dans un contexte où ces formations s'avèrent trop souvent morcelées et modularisées, celles-ci permettent peu de tisser des liens entre les concepts appris durant les cours et leur mise en application dans des contextes se rapprochant de la réalité du milieu professionnel. En complément aux activités menées dans le cadre des stages, les EVT peuvent s'avérer une solution à ce problème. Toutefois, il importe de bien analyser ces dispositifs quant au potentiel qu'ils représentent pour le développement des compétences professionnelles. De plus, il nous apparaît important d'aborder "en quoi ces environnements favorisent-ils véritablement l'interdisciplinarité professionnelle ?" et "de quelle manière l'intégration d'une intervention de nature socio-éducative permettrait-elle d'apporter une bonification aux environnements de formation existants?".

Les débats autour de l'intervention socio-éducative ont pris un tour nouveau avec, d'une part, les mutations des politiques publiques, d'autre part l'irruption de nouveaux acteurs : les « usagers » et les « aidants informels ». Concernant ces derniers, la proximité est telle entre les aidants informels développant principalement des qualités humaines et les professionnels dont l'action s'organise à partir de références, voire de référentiels formalisés, qu'il convient de s'interroger sur les possibilités de coopération entre eux. Le paysage de la formation est en effet traditionnellement structuré autour d'un système bipolaire : professionnels / non professionnels, professionnels / bénévoles, professions « canoniques » / nouveaux métiers. On y verra une dérivation d'autres couples d'opposition : institution / désinstitutionnalisation, institué / instituant... Ces distinctions ont joué un rôle important. Mais aujourd'hui, notamment en France, la diversification des professions impose d'aller au-delà de ces clivages pour mieux analyser les intrications, les hybridations de formes d'interventions relevant ou susceptibles de relever d'acteurs différents. La question des aidants en est l'occasion ; elle est devenue une porte d'entrée pour analyser les contours de la professionnalité.

Le réseau des centres jeunesses du Québec est conduit à mettre en place un centre de formation pour tous les intervenants socio-éducatifs qui interagissent dans ce réseau. Ces intervenants sont issus de différentes formations et relèvent d'ordres professionnels différents; psychologues, infirmière, pharmacien, etc. Cette réalité pose une problématique importante pour les formations qui seront pensées, élaborées et offertes. La question de la professionnalisation des intervenants socio-éducatifs du réseau se heurte en effet à la logique professionnalisante qui règle les ordres professionnels. Or, il y a bien un élément commun qui relie les différents intervenants de ce réseau et qui n'est régi par aucun ordre professionnel; celui du concept d'intervention socio-éducative. Le fait de devoir inscrire leurs actes professionnels dans un cadre précis confère à ces spécialistes une identité professionnelle propre qui les distingue des autres professionnels membres du même ordre. L'enjeu de cette communication est de présenter des éléments de caractérisation de l'apprentissage professionnel des intervenants socio-éducatifs qui s'inscrivent en marge de l'apprentissage de leur métier initial.

Cette communication apportera quelques éléments de compréhension sur les interventions socio-éducatives dans le champ de la protection de l'enfance en France. En se basant sur les recherches réalisées, nous aborderons la coopération entre les parents et les intervenants socio-éducatifs. Les intervenants en protection de l'enfance attendent de la part des familles une réelle action conjointe, amenant à une amélioration dans la situation familiale et sans doute un changement dans leur mode de fonctionnement. Dans un tel contexte, toute recherche qui interroge les points de vue des usagers montre sa pertinence. Les attitudes que certaines familles adoptent face aux services socio-éducatifs sont complexes, difficiles à cerner et ne répondent pas toujours aux mêmes règles qu'un partenariat professionnel construit autour de la famille. Ce réseau  partenarial, en étant assez sélectif, présente un haut niveau de spécialisation professionnelle. Son fonctionnement dépend en partie de la manière dont la famille s'en saisit. Pour échapper au contrôle social, les familles mettent en place une stratégie d'errance géographique qui leur permet d'expérimenter, d'une manière périodique, une certaine autonomie. La trajectoire résidentielle des familles et la sectorisation des services qui conduit à des incertitudes dans les interventions sociales, rend aussi possible la recomposition des relations entre les parents et les travailleurs sociaux.

Le travail social et éducatif peut, aujourd'hui, se développer à partir de conceptions différentes de l'intervention socio-éducative prise au sens socio-politique. Il s'agira donc, dans nos propos, d'essayer de relier ce qui nous apparaît comme, d'une part, les modèles d'expertise à l'encadrement de l'intervention sociale  et éducative et d'autre part, les capacités ou tâches de l'éducation sociale. Ainsi nous pourrons exposer ce qui nous a amené à proposer un modèle d'analyse de « l'ingénierie sociale et éducative » (……..) basé sur une structure articulant les notions de : conceptions (politiques, théoriques, méthodologiques et pédagogiques), imaginaires (performance, maîtrise, connaissance, prospective), postures (expert, ingénieur, chercheur, praticien réflexif) et ethos professionnel (conviction, responsabilité, sagesse et réflexivité) . Dans cette perspective, nous préciserons ce qui, pour nous, relève de quatre modèles d'expertises (développement, ingénierie, connaissances, et transformation sociale) s'agençant entre eux dans l'exercice des métiers de l'encadrement de l'intervention socio-éducative (Barbant, 2011). 

Les relations entre les parents et les enseignants se sont profondément transformées avec les années. Alors que les parents et les enseignants occupaient des territoires et des rôles distincts au cours des années 1960, ils sont progressivement devenus des collaborateurs, voire des partenaires, particulièrement depuis la fin des années 1990. Leurs relations se sont ainsi complexifiées et la délimitation entre sphère privée et sphère publique n'apparaît plus aussi étanche. Au surplus, les rôles éducatifs et socioéducatifs des parents et enseignants semblent plus diffus ou éclatés et leurs attentes respectives hétérogènes. Dès lors, quels types de relation l'enseignant peut-il ou doit-il établir avec les parents selon leurs caractéristiques ou leurs besoins? Comment peut-il établir des relations harmonieuses? Quelle place la dimension socioéducative occupe-t-elle selon les types de parents?

Dans cette communication, nous définirons d'abord brièvement le concept d'intervention socio-éducative pour le situer ensuite dans le contexte des relations parent-enseignant. Puis, nous discuterons de la nature sociale, éducative et collaborative des relations entre les parents et les enseignants, particulièrement au regard de leurs caractéristiques (types de parents et d'enseignants) et de leurs rôles respectifs, à partir des résultats de l'analyse d'entrevues réalisées auprès d'enseignants et de parents d'élèves du préscolaire et du primaire.  

Le Consortium jeunesse de la terre à la table (Consortium J-TT) est le regroupement de trois organismes québécois, se voulant à la fois distincts et complémentaires, qui œuvrent à la promotion de saines habitudes alimentaires auprès des jeunes de 2 à 17 ans. Il vise à transmettre son expertise en formant, en outillant et en accompagnant les milieux mobilisés dans leurs interventions auprès des jeunes ciblés. La communication interrogera les conditions et contextes de convocation et de mobilisation du construit d'intervention socioéducative comme analyseur de pratiques innovantes déclarées et faisant appel à la coopération d'une collectivité.